Les politiques d’éducation prioritaire, ou les politiques publiques équivalentes centrées sur les problèmes d’inégalités scolaires, se sont beaucoup transformées depuis leurs premières formulations et mises en œuvre dans les années soixante. Dans plusieurs pays, on observe le passage d’un modèle de la compensation, à celui de la lutte contre l’exclusion, jusqu’à l’émergence d’un modèle qui fait des thèmes de l’adaptation à la diversité, de la promotion de l’excellence et de la gestion des risques, son credo principal. Cette évolution témoigne des rapports équivoques que ces politiques entretiennent avec les visées sélectives des systèmes d’enseignement. Elle relève moins de choix publiquement débattus qu’elle n’est induite par les modes de définition et de construction sociale des problèmes auxquels ces politiques se proposent de répondre et des catégories de population qu’elles ciblent, ainsi que par la manière dont les sciences sociales pensent la réussite ou l’inégalité scolaire. Pourtant, cette évolution pose de nombreuses questions liées à la dynamique d’effacement de la problématique des inégalités, à la fragmentation des systèmes et des parcours éducatifs, et aux enjeux de savoir et d’émancipation intellectuelle. Ce second ouvrage consacré aux résultats de l’étude comparative EuroPEP vise à mieux comprendre ce qu’il advient de ces politiques dans huit pays européens. Il déploie l’analyse de thématiques transversales qui apparaissent comme autant d’éléments clefs de la constitution et de l’évolution des politiques observées : la construction des formes de ciblage et de désignation de leurs publics bénéficiaires ; leurs modalités d’action pédagogique et de transformations curriculaires ; la production, les usages et les mésusages de leurs évaluations. Il s’attache à contribuer au renouvellement de la réflexion sur les perspectives de justice et d’égalité en matière de scolarité.
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