Les processus stratégiques concernent la façon dont une organisation fabrique ses stratégies, c’est-à-dire comment elle s’y prend pour identifier des sujets, mobiliser l’intelligence collective, exploiter les sources d’information internes et externes, faire remonter les signaux faibles autant que les alertes et les notes d’analyse vers les sphères où se discutent et se façonnent la stratégie et ses contenus, articuler les niveaux hiérarchiques, incorporer les visions contradictoires en confrontant les avis, etc. Ces processus vont jusqu’à la mise en œuvre, avec les révisions stratégiques plus ou moins déchirantes que cela peut impliquer. En ce sens, la stratégie est duale : il y a le « quoi », c’est-à-dire les contenus de ce que veut faire l’entreprise (ses offres, ses marchés, ses compétences, les manœuvres envisagées, ...) et il y a le « comment », c’est-à-dire la façon dont l’entreprise construit le quoi et le met en œuvre (ce sont les processus stratégiques).
Les ouvrages de stratégie traitent pour l’essentiel du quoi et très peu du comment, des processus, comme si les organisations savaient s’y prendre pour penser la stratégie dans le collectif des équipes dirigeantes, et qu’il est plus besoin de se préoccuper du contenu de leurs cogitations que des approches qu’elles adoptent pour fabriquer leur stratégie collectivement.
Cet ouvrage éclaire la façon dont les organisations mènent des raisonnements stratégiques, s’alimentent grâce aux strates fonctionnelles et opérationnelles du management intermédiaire, conduisent ou font conduire des études, renforcent leurs répertoires d’interprétation et d’action ou parfois les dépassent. Les exemples présentés viennent de projets inter-organisationnels, de l’intrapreneuriat, de fusions-acquisitions, du dopage dans le sport, de l’antiterrorisme, de l’édition musicale, ... Les chapitres d’illustration sont courts et écrits dans un style alerte.
L’ouvrage suggère que les processus stratégiques s’articulent autour de deux pôles : inertie endogène et proactivité endogène. L’un participe d’une logique conservatrice destinée à préserver en opérant comme une sorte de ciment dans l’espoir de sauvegarder ; l’autre participe du mouvement, de l’élan vital, de l’envie passionnée et de la prise de risque...
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