Comme l’indoeuropéen et l’austronésien, le domaine bantu est un exemple réussi d’application de la méthode comparative. On est en effet parvenu à restituer le berceau originel de la famille des langues bantu, à reconstruire la proto-langue ou à esquisser la culture des proto-locuteurs. En revanche, il reste à savoir comment les 500 langues concernées se sont constituées, et comment elles se sont répandues depuis la frontière nigéro-camerounaise jusqu’à occuper presque tout le sous-continent, du centre du Cameroun à l’Afrique du Sud. Le présent ouvrage apporte des éléments de réponse décisifs à ces questions. Après avoir rappelé les fondements et les méthodes de la linguistique historique et comparative, l’auteur étudie les principales propositions sur la langue originelle et les plus récentes tentatives de classification des langues bantu. L’examen de lexiques spécifiques, tels la faune ou la flore, lui permet de reconstruire la forme lexicale qu’auraient dû avoir ces termes dans la proto-langue, et de déterminer s’il s’agit de convergence ou d’emprunt. La reconstruction des racines permet d’inférer les caractéristiques d’une société du néolithique, pratiquant l’agriculture et l’élevage du petit bétail, la pêche et la navigation fluviale. Puis l’analyse des structures des langues met en évidence au moins deux groupes de langues qui se séparent, le bantu de l’Ouest et le bantu de l’Est, migrations initiales qui voient la naissance de la métallurgie du fer. Dans la dernière partie, l’auteur montre comment les langues bantu du Gabon se sont constituées à la suite de l’éclatement progressif du bantu de l’Ouest. Cette étude réussit à reconstruire des pans importants de l’histoire linguistique et culturelle des Bantu par un processus original de mise en concordance des données linguistiques, archéologiques, anthropologiques et génétiques. Le Gabon, proche du foyer d’origine des 500 langues bantu, y apparaît un laboratoire privilégié de l’anthropodiversité.
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