Le Cameroun méridional est l'une des principales régions productrices de cacao du pays. Depuis le début du siècle, cette culture a peu à peu envahi les terroirs villageois, évinçant même le café. Vingt-cinq ans après l'Indépendance, sa progression continue. L'économie agricole régionale, extravertie, dépend des cours mondiaux du cacao qui ne cessent de se dégrader. La détérioration de la situation économique des planteurs va de pair avec le rapide essor de la capitale, Yaoundé, qui polarise de forts mouvements migratoires. Le problème crucial que pose actuellement l'avenir de la culture du cacao est analysé du point de vue des paysans, à travers deux cas concrets, deux villages très différents par leur environnement, leur population, leur degré d'enclavement. L'originalité de l'approche est double. D'une part, elle privilégie l'étude des terroirs, moyen d'investigation le mieux adapté pour saisir les rapports complexes unissant les paysans et l'espace qu'ils exploitent. D'autre part, en présentant les villages à deux époques différentes, l'étude acquiert une dimension temporelle permettant de discerner les tendances longues. Les multiples conséquences de la culture du cacao sur les systèmes de production, la concurrence entre les plantations et les cultures vivrières, la dépendance des paysans vis-à-vis des cultures de rente, sont autant de questions d'actualité, au moment où l'effondrement des cours laisse présager la chute de l'« empire » du cacao. Ce problème dépasse largement les frontières du Cameroun. C'est celui de tous les pays exportateurs de produits tropicaux.
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