J'ai choisi pour thème « L'analyse, l'archive », évoquant ainsi en un même mot l'analyse des textes et le processus de la cure psychanalytique. L'analyse, l'archive, et non pas « psychanalyse de l'archive » ou « archive de la psychanalyse ». Le lien entre les trois conférences n'est pas apparent au premier abord ; pourtant, entre « Le pouvoir de l'archive », « Le stade du miroir » et « Le culte de soi et les nouvelles formes de souffrances psychiques », un fil rouge existe. Si, comme on le verra, le pouvoir de l'archive est d'autant plus fort que l'archive est absente, il existe bien un lien entre la première et la deuxième conférence. En effet, la théorie lacanienne du stade du miroir s'est développée depuis 1936 en se fondant sur une conférence dont le contenu a disparu : une conférence introuvable, retirée par son auteur des actes d'un congrès international qui se tenait à Marienbad. Par la suite, ce texte a dû sa place aux traces qu'il a laissées dans l'ensemble du corpus lacanien, c'est-à-dire à des fragments déposés par Lacan çà et là, puis reconstitués par l'historien, par moi en l'occurrence, à partir de témoignages et de notes. Quant à la question du culte de soi, elle a trait à la fois à l'archive et à la psychanalyse et, plus précisément, à l'émergence, durant le dernier quart du XXe siècle, d'une « archive de soi », d'un culte du narcissisme mettant au premier plan, contre et au-delà de la cure psychanalytique, une pratique de l'autoanalyse ou de l'autothérapie, fondée sur une valorisation de l'image de soi. Or, Lacan en avait saisi la dialectique dans sa fameuse conférence de 1936 sur « le stade du miroir ». Voilà donc le fil rouge qui unit ces trois interventions.
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