D’où vient le mot Grenelle ? Comment se fait-il que ce nom propre à l’origine soit désormais communément utilisé, ce qui nous fait dire aujourd’hui avec de moins en moins de retenue qu’un Grenelle a été demandé par tel groupement ou que tel Grenelle est organisé par les pouvoirs publics ? Pourquoi emploie-t-on cette expression ? Comment a-t-elle évolué ? Connaît-elle des concurrents ? Bien qu’elle soit plus ancienne, la diffusion de la formule doit beaucoup au Grenelle de l’environnement tenu en 2007. Mais comment cette opération, précisément, a-t-elle été menée ? Quelles en sont les origines ? Les enjeux politiques ? L’investissement électoral de Nicolas Sarkozy était-il aussi paradoxal que d’aucuns l’ont prétendu ? C’est à ces questions notamment qu’entend répondre cet ouvrage, dans une perspective de politologie lexicale. Le mot Grenelle possède en réalité une histoire et une symbolique anciennes, utilisé d’abord pour désigner la conférence sociale de la fin mai 1968 puis de façon récurrente à partir de 1983. Depuis quelques années, en dépit de certaines résistances verbales et de risques de saturation langagière, les usages se sont largement répandus. Ils ont délaissé la sphère du « social », pour pénétrer les domaines les plus inattendus : Grenelle de la chasse, de l’enseignement catholique ou... du football ou pour susciter la provocation : « Grenelle du cul » [sic] ou de la pétanque... Le sens du mot, quant à lui, s’est peu à peu stabilisé, pour désigner quelque chose comme une grande négociation multipartite.
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