Clotilde, qui habite la Lorraine, revient régulièrement dans sa belle-famille habitant le Midi de la France. Se sentant peu acceptée, elle consigne ses observations et ses réflexions sur son entourage. C’est ainsi que naît une chronique qui va s’étendre sur près de quatre décennies. Le dialogue entre Félix et Clotilde en illustre clairement la problématique :
« Depuis le décès de la mémé, pendant six années entières, les frères et sœurs ont semblé n’avoir eu aucun besoin les uns des autres, leurs mondes se sont séparés à peu près complètement.
– Oui, Félix.C’était elle qui agrégeait le clan en transmettant et en filtrant les informations sur les uns et les autres. Elle était le centre, le personnage fort qui tirait les ficelles.Pendant longtemps à mon avis,la fratrie a perdusaboussole.
– Ce qui continue à me frapper dans cette famille, c’est la difficulté qu’ils ont quasiment tous, à des degrés divers, à échanger sur leur petite personne en termes simples... Ils tentent de supporter seuls leur embrouillamini intérieur, voire de se le cacher à eux-mêmes en se vouant corps et âme à des choses complètement extérieures. Pour eux, c’est ça la dignité. Ce sont des gens fiers. Même Marlène est comme ça. Elle s’est évadée longtemps dans le paraître et la frivolité puis dans la maladie au lieu de regarder en elle-même. Se revoir pour les frères et sœurs, c’était un peu comme de se contempler dans un miroir. La famille vous renvoie à vos faiblesses, à vos failles, à vos fêlures. »
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